Balle de boissons

La journée commence, et déjà, un choix cornélien aux conséquences multiples sur le reste de la journée.

À chaque fois, c’est la même chose : j’hésite, je sais pas où mettre la balle, comment peser le pour, le contre, le « on s’en cogne ». Je me situe toujours sur cette frontière entre la décision sûre, le frêle désir et l’indécision embarrassante.

Le café, c’est l’énergie, c’est pour être à balle : la vigueur matinale de la caféine déconcerte nos papilles encore endormies et créées une rupture avec le moment nocturne : un bon moyen de commencer sa journée, pour être sur pile, prêt à dégainer l’agrafeuse, le cellulaire et répondre hystériquement au mail des clients. Surtout que les cafés, c’est toute la matinée au bureau. Et c’est un peu fort : je termine souvent ma matinée avec le coeur qui saute dans tous les sens. La caféine, addictive ? Non, je vois pas. Pourquoi on dirait ça ? On va boire du thé alors ?

Eh non, on va pas gagner au change : la théine, c’est de la caféine. La molécule, les toutes petites balles là, sont les mêmes. C’est la 1,3,7-triméthylxanthine. Alors certes c’est la même, mais pourquoi c’est pas pareil ? On est à balle, mais pas vraiment. En fait, les tanins présents dans le thé ralentissent l’assimilation de la caféine, qui du coup se répartit dans la durée. Le thé offre alors un regain doux, long, un état d’excitation faible, d’environ 1,3 sur l’échelle Clooney, qui va s’étaler sur une bonne partie de la matinée. Et puis faut le dire, je peux enchainer les thés, j’ai jamais eu d’hallucinations et ma tension restait à des stades à peu près normaux.

D’un côté l’excitation sauvage égale à celle du cocaïnomane, qui d’un rail devient une pile électrique. De l’autre, la sérénité à la chinoise, la pause britannique, le souffle du sage qui vient doucement réveiller nos sens endormis. La balle est dans votre camp !